Partager :
Quand l'infiniment petit ouvre la voie de grandes découvertes, cela donne naissance à une startup 100% Peï, pilotée par la jeune et brillante Anne-Laure MOREL.

A 34 ans, Anne-Laure, chercheuse et entrepreneure croit dur comme fer en l'avenir des nanoparticules et travaille sur cette technologie, notamment pour le traitement du cancer.

 

TORSKAL, le projet d'une vie

Après ses études en biochimie à Bordeaux, Anne Laure se spécialise en chimie de surface ou des matériaux. Elle travaille alors sur sa thèse consacrée à l'étude des nanoparticules couplées à des agents biologiques. Thèse qu'elle soutiendra à l'Université Pierre et Marie Curie de Paris. Parallèlement elle entame un master  en Management et stratégie d'entreprise et commence une carrière en cabinet de conseil en tant que consultante en fiscalité et marketing de la recherche.

Elle rentre en 2012 à la Réunion et intègre la CB-TECH de CYROI, l'unique pépinière d'entreprise à caractère biotechnologique de l'île. Elle débute en tant que chargée de mission puis responsable de la CB TECH. En contact permanent avec les chefs d'entreprises, le gout d'entreprendre à son tour, a pris une place importante dans sa tête.

Elle se penche alors sur la thématique pour laquelle elle a largement contribué lors de son cursus universitaire : la nanotechnologie.

Nanotechnologie c'est quoi?

On pourrait la définir comme l'étude des nanoparticules. Une nanoparticule est un élément  ayant une taille nanométrique (1 nanomètre est 1000 millions de fois plus petit qu'un mètre). Elle est donc invisible à l'œil nu. Le succès de cette discipline constitue un secteur de développement et de recherche très important sur le plan international, national et également local. Bien d'autres startups se sont d'ores et déjà intéressées à la nanotechnologie notamment dans divers domaines comme la santé, les TIC ou encore l'énergie.  La particularité de TORSKAL? Concevoir des nanoparticules d'or à partir de composés issus de plantes endémiques de la Réunion.

Au début le pari parait insensé mais Anne-Laure s'acharne et parvient enfin à synthétiser des nanoparticules intéressantes pour le traitement du cancer. L'utilisation de cette "chimie verte" dans le traitement du cancer présente un effet profitable sur les cellules saines à contrario des méthodes traditionnelles (chimiothérapie,...) qui éradiquent les cellules tumorales mais également les cellules saines.

Ce nouveau procédé alliant donc or et extraits végétaux présenterait des avantages liés au diagnostic de la maladie et à son traitement.

Une conception 100% réunionnaise

A l'heure actuelle, toute la partie Recherche et Développement est locale. Anne Laure a recruté 2 collaborateurs, une chercheuse en phytochimie qui s'occupe de l'extraction des extraits pour la synthèse des nanoparticules et un responsable des affaires réglementaires dont la finalité est d'assurer la veille technologique pour la valorisation des résultats et la sécurisation du procédé. Notre jeune docteur s'occupe quant à elle, de la recherche de nouveaux défis nanotechnologiques, de l'établissement des avec les différents acteurs pharmaceutiques et de la gestion de l'entreprise. Elle bénéficie également de l'appui de l'Université de la Réunion ainsi que de l'Université de Paris, avec chacune ses spécificités, phytochimie pour l'une et physicochimie pour l'autre.

"Au départ, les difficultés étaient matérielles. La thématique des nanotechnologies est nouvelle sur l'île. Certains équipements requis dans cette discipline, tels que la microscopie électronique à transmission ou la technique du Raman exalté de surface, sont absents ici, et grâce au renfort de l'université de Paris, nous avons pu trouver le moyen de se procurer ces matériels essentiels à la visualisation  des nanoparticules" déclare Anne Laure.

Outre les moyens matériels, le projet nécessite également des moyens financiers considérables. Avec le soutien d'Initiative Réunion Entreprendre, elle obtient un prêt d'honneur Innovation d'un montant de 25 000 euros. Elle a également été lauréate du concours I-LAB, ce qui lui permis d'obtenir une subvention pour son programme de recherche. L'incubateur de la Réunion et la pépinière d'entreprises du CYROI lui ont également permis d'établir rapidement la preuve du concept.

"C'est grâce à Initiative Réunion Entreprendre, l'incubateur de La Réunion, CB TECH de CYROI et BPI France que j'ai pu valoriser les résultats par voie de brevet, ce qui est indispensable dans ce secteur. Actuellement, ma demande de financement FEDER est en cours d'instruction et je suis dans l'attente à ce jour d'une réponse de ma banque.  Bien sur si je n'ai pas de réponse je serai obligée de me tourner vers la métropole. J'ai été contactée par des capitaux-risqueurs qui veulent investir dans ma société mais cela reste prématuré pour le moment " nous explique-t-elle.

TORSKAL est soutenue par les différentes entités de soutien aux entreprises, telle qu'Initiative Réunion Entreprendre, l'incubateur de la technopole de La Réunion, Outremer Network, la CB TECH de CYROI, BPI France qui croient tous en la viabilité du projet.

Le compte à rebours est désormais activé

2017, c'est le terme estimé pour que des licences d'exploitation soient concédées à des partenaires industriels. Une échéance qui laisse à TORSKAL le temps de murir, de peaufiner ses contrats.

"Il faut porter le rayonnement des biotechs au delà des côtes réunionnaises. A la Réunion, il y a des pépites qui ne cessent de naitre. Les moyens mis à disposition ne sont pas suffisants et c'est dommage. Mon conseil? Il faut foncer et ne pas avoir peur de l'échec. Il ne faut pas se focaliser sur les obstacles mais sur les challenges, les défis et les opportunités que cela apportera" conclut fièrement Anne Laure.